Depuis l’enfance, je les entends, ils me guident les vieux, les anciens, les séniors, les premiers(es) nés (es), les aînés… A chaque tempête je me suis réfugié auprès d’eux, et leurs voix m’ont toujours guidé sur le chemin de l’existence. Les aînés comme des clairvoyants, distants de la fausse rapidité des temps modernes. Derrière leurs regards, sous leur statut souvent d’oubliés, il y a la Vie, la vraie, celle du temps présent.
Je vois le jour à Pont-à-Mousson à l’automne 1966. Dès 20 ans je ne souhaite pas tellement entrer sur le théâtre de la vie et c’est le théâtre qui m’attire à lui pour participer à la création d’une vie reconstituée, racontée, jouée et curieusement réelle, qui nous parle. Etudiant en cinéma à Nancy, je rencontre, sur le campus Lettres, le TUN (Théâtre Universitaire de Nancy), porté par Denis Milos. Et de là une foule de rencontres et de copains de jeux. J’évolue dans toutes les fonctions du théâtre et c’est la régie, l’organisation technique qui me tend les bras : Mettre de l’ordre dans le chaos de la création. Tout ceci vécu avec une conscience appuyée pour les fonctions culturelles et sociales de la pratique de cet art.
En parallèle, je vis des aventures dans le milieu de l’évènementiel et de l’insertion, des tournages de films, des productions de documentaires, des incursions professionnelles dans les structures institutionnelles de la culture, une création théâtrale au sein d’une prison… Je garde néanmoins fidèlement un lien avec le TUN et ses créations, ses festivals. Ses espaces pédagogiques me concernent particulièrement : Participer à l’élaboration de dispositifs de création et de transmission, qui tissent des rencontres individuelles pour créer des collectifs où chacun possède sa place.
La présence des aînés n’est jamais loin et jalonne mon parcours de régisseur, d’acteur culturel. Non loin du campus où je travaille, dans un foyer résidence pour ainés, je crée un atelier d’écriture et de lectures publiques pendant 5 ans. Le TUN est présent lors de certains résultats. Parallèlement, je me forme au Qi Gong et à la réflexologie plantaire que je choisirai de dispenser en Ehpad, dans le cadre d’une micro entreprise. Ces compétences m’ouvrent ainsi les portes de l’Ehpad de Gorze où je peux faire mes premières armes, approfondir ma technique pour apporter le plus de bien-être possible. Et ainsi je me rapproche à nouveau des aînés. Durant les séances de Qi Gong, je mêle naturellement des pratiques d’ateliers de travail de l’acteur. J’ai fréquenté ces espaces pendant plus de 10 ans au sein d’une association « Aire Acteur » organisée par le collectif du Théâtre Universitaire de Nancy.
Fruit de mon parcours et de ma personnalité, teinté de rencontres d’amour et d’amitié, je crée une identité à ma démarche qui me correspond.
Naturellement, selon ma nature, je ressens alors le besoin de créer et développer, en parallèle, des pratiques de bien-être, une activité créative pour des aînés, une initiative pour décloisonner leur position dans notre société. L'objectif est de remettre ces aînés, nous au futur, un peu au milieu du village, en tant que citoyens comme tout à chacun.
C’est « Hors d’âge » qui pointe alors le bout de son nez.